LA MAIN DE SABLE
La liberté est une gigantesque main de sable miniaturisée par les obscures lumières de l’analphabétisme.
Elle se traîne dans les ruelles étroites et désertes de la ville.
Sa paume se remplit de drames.
Elle laisse sur son passage, l’ombre des exilés, des pieds ferrés et des bagnes.
Elle frappe sur les portes pour enseigner l’art d’être libre.
Les portes ne s’ouvrent point.
Elles sont soigneusement verrouillées avec une solide barre idéologique.
L’idéologie est un puits qui n’a pas de profondeur.
Son eau est un miroir truqué.
Les hommes en ont puisé.
Les jarres explosées.
Point de morts. Point de blessés.
Déçue, la main prend le large et s’engouffre dans les profondeurs terrestres.
Les portes s’agitent.
Les fenêtres s’ouvrent.
Des têtes meurtries par la lâcheté se penchent enfin pour répondre.
Les rues sont des usines d’où s’élève un grotesque chant de pleurs.
Le regret est un retour au passé fini.
Le temps est histoire qui ne recule jamais.
La lâcheté est une vertu pour les sauve-qui-peut.