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 Ahmed Bahchari : l’écriture méfiante

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MessageSujet: Ahmed Bahchari : l’écriture méfiante   Ahmed Bahchari : l’écriture méfiante Icon_minitimeMer 27 Fév - 2:32

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De droite à gauche sur la photo: Ghaïlan, Ahmed El Bahchari,El Haddaoui,Abdelouahid Bennani,El Achraki Mohamed et le grand poète Iraquien El Bayyati Abdelouahab


Ahmed Bahchari : l’écriture méfiante


Ahmerd Bahchari vit actuellement à Tanger où il a enseigné l’Arabe au collège Ibn Batouta.Professeur depuis plus de trente ans, il est poète dans les deux langues véhiculaires de l’enseignement au Maroc. Les seuls poèmes qu’il a publiés figurent encore dans les pages jaunes du journal local L’Eclaireur que dirigeait son ancien ami Mustapha Ouadrassi .Encouragé par ce dernier, Bahchari qui n’écrivait alors qu’en arabe, finit par le faire en français.

Ceux qui ont lu les poèmes de Bahchari, ont sûrement remarqué la prédominance d’une forme de langage recherché, automatisé à contexte redondant. Et ont trouvé par ailleurs une certaine difficulté à déchiffrer ses ouvres. Ceci est dû à ce que nous appellerons l’Ecriture Méfiante. La première des choses qui frappe le lecteur c’est cette confusion voulue par l’auteur.

Le lecteur est assez confus qu’il jette pêle-mêle des formulations sans aucun rattachement morphologique des genres, vulgarité, symbolisme, jeu de mots, jeu sur les proverbes, identification, mysticisme, métaphore, incarnation, classicisme...

Vocation, culture ou intelligence ? Sans doute tous à la fois. Notre ami Bahchari est professeur d’arabe et poète dans les deux langues véhiculaires de l’enseignement marocain. Ces formulations ne sont pas sans effets de cause. Car, en effet, ses écrits semblent refléter, si ce n’est contenir, toutes ces choses à la fois.

C’est précisément pour cela qu’on s’en prend à l’écrit marocain d’expression française. Il n’est pas le seul ; le vers libre et purement arabe est aussi mal vu « Dans ce temps d’âge » où les Salafis, au sens moderne rejettent de mauvaises foi cette nouveauté qui se veut contemporaine et apte à améliorer, si ce n’est à renverser, la situation littéraires de cette forme figée d’écriture automatisée, calculée et codifiée.

L’expression « temps d’âge », nous l’avons prise du poème intitulé « Ecrire est un piège » où notre ami soulève l’idée de la création littéraire et du rôle de celle-ci qui, selon lui, ne peut rien sinon éclairer.

Elle n’agit point, mais incite à agir : « Psalmodier les injures ou prier… Le monde reste le monde ! … Entre la joie et le deuil ». Mais où est le poète dans tout cela ? : « Je chante mes poèmes …. Pour la mer … Pour les vagues … Pour les bateaux légendaires ! » Nous répond notre ami.

Et notez bien « la mer », « les vagues », « les bateaux » et l’association structurelle qu’il y a entre ces mots qui peuvent , à eux seuls nous donner la signification de tout les poèmes, sans prétention aucune.

La mer a toujours présenté un mystère pour ses explorateurs. On retient donc le mot mystère.

On dit les vagues, on dit les courants pour désigner le mouvement, l’idée (idea), la science ou la discours (logos). A retenir Idea-logos qui forme Idéologie. La légende a depuis longtemps représenté un genre de croyance, d’idéal et de modèle dans l’initiation métaphysique. On retient en fin de compte le mot Croyance, et nous formerons avec ce que nous avons retenu la phrase qui voici, « Nous chantons pour le mystère, pour l’idéologie et pour la croyance ».

Il n’y a pas de mer sans albatros, où est-il donc ? : « Libère mon albatros : ses ailes ne sont plus parallèle ». Notre ami nous balance soudain l’idée de l’impuissance quand nous arrivons à comprendre que l’albatros n’est plus craintif, qu’il est délaissé pas pour longtemps, car « je suis … la tempête silencieuse ».

Cette Putain (Ecriture) se contente pour l’instant d’avorter ses gestes et ses démarches, d’accoucher ses idées sur les trottoirs, de vomir et de remettre ses billets, son poème gammée et son stylo dans le désert des ans ternes, d’écrire sur les épitaphes des paroles condamnées.

Car on trouve que ses idées sont paradoxales, que ses rêves sont impossibles, et que même ses cauchemars sont cadenassés dans une situation psychique inconcevable. C’est le sens que donne l’auteur à son poème intitulé « Idées ovales et rêve obliques » où on trouve l’idée d’une écriture méfiante et le risque que court l’auteur en formulant des Vérités Voilées : « Je suis l’araignée et la mouche … Sacrés sont mes crimes ».

Point de mouche sans chèvre : « Je n’ai que cette chèvre stérile que je tête ». Il s’agit, bien sûr, de la chèvre de Mr. Seguin que connaissent si bien les intellectuels et qui représente sans doute l’idée première d’une liberté sérieuse.

Une chèvre qui revient sans cesse dans ses poèmes : « Donne-moi ta chèvre » dit-il dans Ecrire est un piège. Sans doute qu’elle viendra celle qui aura toutes les serrures et toutes les clés. Elle viendra forte, discrète et glorieuse : «Elle viendra … malgré la pluie et la tempête…malgré l’épée et la baguette ».

Et remarquons ce jeu d’images et de paradoxe que compte le premier vers ainsi que le second. Un jeu sur la pluie et la tempête sur l’épée et la baguette. Une association de paix et de violence, d’une situation résolue par le sang et par le miracle. L’idée d’opposition apparaît plus claire et plus significative dans ce poème ainsi que celle d’une écriture automatique puisqu’il y a succession incoordonnée d’images.

Dans la première strophe, l’idée se forme, dans la deuxième elle fait apparition, dans la suivante c’est son état, dans l’avant-dernier il y a la cause et en fin de compte le résultat.

Pour lui c’est une idée qui chevauche d’une strophe à une autre, pour nous c’est une révélation d’une forme d’écriture consciente malgré ce qu’on peut y remarquer d’incompatible entre les images.

Le rapport de mode et de temps, entre « tout sera rouge, tout sera vert » et « tout était rouge, tout était noir » indique une sorte de parenté entre les deux images quoi que l’opposition apparaît évidente. Abandon, est un titre qui irait mieux à ce poème qui, précisément en est le sens, le thème répétitif de notre ami Bahchari est l’ignorance, la bête noire des hommes de lettres. Obsédés pour les choses faciles de la vie puisqu’ « Il y a la vie, il y a la mort…Il y a la haine, il y a l’amour…Le jour et la nuit, la nuit et le jour…Une bouteille rouge…Des olympiques…Pas politique ».

Les messieurs du « laisser tomber » boivent « à la santé de cette vie de vaches ». Dans une ville qu’on a appelé par tous les noms : Tanger.

Qu’as-tu fait de tes hommes, Tanger ? Un poème qui s’interroge sur l’identité d’une ville traînée vers l’oubli, haïe et aimée , à la fois triste et gaie, innocente et complice qui charme et qui repousse.

Un nouveau Tahar Ben Jelloun ? Sûrement pas. Quand Ben Jelloun parle de Tanger-la-trahison, il inculpe, condamne et juge alors que notre ami disculpe, acquitte et peint. Il peint l’image de la confusion, de l’opposition qu’associe l’humain à la nature alors qu’elles ne sont que ses reflets.

Une « Déesse Assassinée » ? La relation apparaît mince, mais significative. Entre les deux poèmes il y a l’idée du retour. Il est en effet vrai que Bahchari revient à Tanger après un long séjour à Casablanca. L’a-t-il reconnue ? « Je ne te reconnais plus », se lamente-t-il. C’est le cimetière de la joie et des satisfactions inconscientes, c’est l’exil des rêves secs, la Déesse Assassinée, Tanger.

La boisson, il faut le dire, revient souvent dans les œuvres de notre ami et est symbole tant d’excitant que de drogue. Et remarquons, puisqu’on ne fait que ça, la notion du réalisme qui surgit dans un poème surréaliste. Et en plus d’un jeu sur les réalités, notre ami joue sur les proverbes. Pour lui, le silence qui est d’or ne l’est plus, tout ce qui brille n’est plus d’or.

C’est grave, d’autant plus grave que louer la misère, détromper les proverbes qui font partie de la culture d’un peuple, passer sur le corps de tout un idéal, ironiser sur les « préjugés » de toute une humanité, ouvrir le tympan d’un sourd oreille au risque de le détruire ; c’est ce qu’une lecture non détaillée du poème « Louange à la misère » pourrait nous fournir, à tort.

Ce poème, il faudrait le lire à la manière de Maarouf Arroussafi quand il disait à son peuple de dormir alors qu’il les incitait à se mouvoir et à se déchaîner face au colonialisme. C’est donc une lecture inverse qui serait la juste, puisque le poète parle par la bouche du colonialiste, ou des usurpateurs pour notre ami.

Ici, il dénonce Le Conseiller de mauvaise foi qui tire profit de la mal compréhension des autres : « La misère vous dit de rester calme…Et de glorifier la mort lente ».

Drôle de conseil est celui qui demandera à l’homme de s’enterrer dans la totale passivité : « Inclinez-vous…Oubliez-vous…Et surtout ne demandez pas d’aide…parce que la vie est laide. Et la mort ? Les dinosaures feront l’affaire, « Ils ne sont plus des bêtes » mais des armes qui défilent dans la marche des crocodiles au « Carnaval Politique ». Les chevaliers métalliques montent des chevaux de bois.

Tout est mécanique : la musique, les gestes des cavalières armées, les paroles du nain de la cour. Tout cela ne laisse pas indifférent, et notre ami crie « L’insomnie me hante ! Silence ! Et alors ? Je ne peux sacrifier mes bras…Mes regards » pour un Tableau Inachevé « Et il le laisse aboyer, se noyer dans la colère des couleurs et le mépris des traits. »

Une écriture, un style, un langage propre, des mots clés et répétitifs qui viennent éclairer les poèmes. Tout un univers plein de vie et de beauté, de sens et de merveilles, d’imitation et de création.

Dinosaures, bouteilles, océans, marécages, soleil, mer, avalanche, pluie, tempêtes des mots polysémiques ou chargés de plusieurs significations. Et c’est aussi un ensemble approprié et travaillé de termes qui peuvent n’être que monosémiques et entrant dans un nombre de syntagmes variés sans variation de sens. Des symboles : voilà ce qu’ils peuvent devenir.

J’entendais traiter les poèmes de Bahchari de vulgaires parce qu’il utilise des mots tels que : Con, foutre, vagin, chier, pisser…A la manière de Boris Vian, dit-on. Ceci est peut être vrai. A voir la notion de pessimisme qui s’étale sur la longueur de ses vers, sans pour autant manquer d’optimisme. A faire surgir de la lecture profonde de ses œuvres.

Il n’y a pas que les mots qui soient répétitifs, mais aussi les images : la tempête silencieuse/ les tempêtes timides. La joie et le deuil/les visages heureux et les visages pâles…

En effet, le poème de notre ami est après tout un langageb codé par ses symboles, abondant par ses versions de sens, structuré par ce que nous appellerons son mot cheval et acrobate. La rime n’est point prise en considération par les poètes modernes, néanmoins spontanément ou accidentellement elle prend place et monte les verbes de l’œuvre. La rime acrobate vient souvent dans les poèmes de Bahchari. Elle est parfois riche et moins riche parfois : rime/crime, terne/interne…

Dans un souffle inépuisable et ininterrompu les mots surgissent forts, pesants, rythmés et tenaces. La disposition typographique ordonne à la lecture du poème une sorte d’attente :

_Silence !

Il y a des malades

Des nomades

Dans cet hôpital de cafards.

Le mot silence, suspendu seul sue la ligne impose à la lecture une pause puis un saut jusqu’au vers suivant, et on a un rythme : 2_ (5+3) _8.

Abdelouahid Bennani

Journal L'Eclaireur,Tanger,1979
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