CONSEQUENCE TERRESTRE
Je fus une conséquence terrestre survenue en un jour d’automne.
Dans une ville catin, vendeuse de sueur et de sperme.
Ceuta est impénétrable.
Ceux qui s’y aventurent en sortent baptisés.
Les fontaines espagnoles pissent du Sangria.
Les baptêmes ont lieu dans les bars où les femmes vendent des culs et des seins en tranches.
Je franchi le seuil de mon corps endormi dans le berceau et je m’envole.
Je survole la ville.
Tanger est un anneau rouillé par la négligence.
Des algues forment un filet tout autour.
La mer est un cheval emporté qui galope vers le sud.
Avant c’était le nord.
Sa queue est une gomme qui efface temps et espace.
Elle est tachée de la malédiction des saints.
L’angoisse pollue les âmes qui volent à mes côtés.
Elles perdent leurs élans et vont s’écraser sur les débris d’une ville traînée vers l’oubli.
Leurs ails rougeâtres se brûlent par la chaleur de la concupiscence.
Rien ne peut arrêter le géant maudit.
La terre n’est plus plate.
Elle tourne alors qu’elle dansait sur les cornes de l’existence.
Les poissons ne mangent plus le soleil qui se couche alors pour que se réveille la nuit et que dorment les hommes.
Pas tous les hommes.
Je pleurais le sein de ma mère.
J’étreignais la nuit et jouissais de ses gémissements.
Je me faisais enfant.