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Messages : 461 Date d'inscription : 24/02/2008
| Sujet: Essai Théâtral: Sur la scène de la vie Mer 27 Fév - 3:12 | |
| Essai théâtral: Sur la scène de la vie
Synopsis
Les êtres humains sont drôles. Ainsi commence « Sur la scène de la vie »,pièce qui met en scène les inquiétants tremblements de civilisations quand la science dépasse ses limites et trouble les esprits. Une trilogie rassemblant un Prologue dont les interventions poétiques présentent les événements,une jeune Scoute qui tisse les fils de l'histoire,macabre,d'une « Ville suspendue par une main d'argile », et enfin une Sainte femme sortie des rêves et dont les propos changeront le cours de la dite histoire. Un décor surréaliste par excellence qui fait du monde , la scène. De tous les peuples , les acteurs. De tous les événements , les genres théâtraux. De tous les animaux ,les mascottes. De tous les enfants, la voix de la raison. La sagesse ne vient-elle pas de la bouche des enfants?(Le théâtre représente une salle de séjour. Le prologue , une jeune fille habillée d'une manière quelconque, quitte son siège et s'adresse au public , au lever du rideau.)Les êtres humains sont drôles
Chacun d'eux joue son rôle
Sur la scène de la vie
Récite ce qu'il a apprit.
Très peu sont bons acteurs
Honorent l'art de bon coeur
Consument leurs vies, leurs âmes
Et vous jouent tous les drames
Avec un talent tel
Qu'il vous semble réel.
Les moins bons réussissent
Seulement à ce qu'on se lasse
D'eux, de leurs comédies
De tout ce qui est dit.
Ou ils le font si bien
Au sens contraire, sans liens
Avec l'oeuvre initiale
Rajoutent, suppriment, valent
Leur petit diable vicieux
Qui leur ordonne des cieux
De détruire les êtres
Vivants, ses vils traîtres,
Raccourcir la vie
Puisqu'il en a envie
Avec une guerre finale
Détruisant sa rivale
L'humanité entière
Qui habite la terre.
C'est malheureux, Mesdames
Messieurs, il vous condamne
Ce diable qu'on nomme guerre
Qui n'a ni mère ni père
Tel que vous, tel que moi
Rien à chérir, quoi !
Et c'est une pièce depuis
Tous les temps se réduit
A cette simple pensée :
Mesdames, Messieurs renoncez
A faire les mauvais rôles
Que nul ne trouve drôles
Quand on a mal appris.
(Un agenda et un crayon à la main, la scoute corrige, rectifie , l'air grave. Une petite chaise et un vieux bureau lui servent de pupitre. )_S'il m'arrive de penser ...de méditer? Bah ,oui je pense. Je médite aussi, malgré mon jeune âge, je l'avoue. Lorsque je ne suis pas trop prise par les devoirs du lycée, par les devoirs ... enfin ... les tracas de la vie quotidienne. Je médite sur les choses de la vie, sur la vie elle-même. Et j'écris. Oui, j'écris en vers et en prose mon histoire. Une histoire qui n'a pas de sommaire, ni face ni envers. L'histoire d'une ville suspendue par une main d'argile. Elle n'a qu'un portail , cette ville. Le portail donne sur le nord. Le nord est une vaste plage. La plage est un tapis vert fait de mille plantes.(Elle se relève, fait tomber une feuille de papier par terre et d'un air rêveur elle continue. ) _ Je franchi le seuil de mon corps endormi et je m'envole. Je survole la ville. Des âmes volent à mes côtés. Les unes perdent leurs élans et s'écrasent, d'autres continuent à planer sur la terre. La terre n'est plus plate, elle tourne. Les poissons ne mangent plus le soleil qui se couche alors pour que se réveille la nuit et que s'endorment les hommes. Pas tous les hommes. Une sainte femme vient dans mes rêves et me dit : ( Tandis que la scoute regagne sa place; la Sainte femme , qui se trouvait toujours sur scène , s'adresse à elle d'une voix chaude et douce . Elle porte des habits traditionnelles , mais sans couvrir sa tête pour autant .)« _Sache, ma fille, que la vie est une gigantesque scène où se jouent toutes les pièces de théâtre imaginables. Nous, nous sommes acteurs. Des milliards d'acteurs sans contrat aucun. Nous le sommes malgré nous. Nous ne choisissons point nos partenaires, ni même les événements. Nous les subissons. Imagine, mon enfant, une scène qui s'étend sur des millions de kilomètres, avec ses eaux et ses forêts, ses dunes et ses montagnes, ses plaines et ses déserts , ses mers et ses continents. Sans oublier les animaux, nos mascottes et aussi l'objet de nos festins. Ils sont innombrables, les animaux. Sur le petit théâtre ils ont rarement un rôle, mais sur le notre, il est de taille. Je déplore seulement, ma petite, que le tragique l'emporte lorsqu'on fait le bilan annuel des pièces qui se jouent sur la scène mondiale: les guerres, le terrorisme, les catastrophes naturelles, le refroidissement de la planète... »
( La scoute d'un air désolé , elle parle à elle-même .)
_ Ce rêve me poursuit toujours, sans relâche, où que je sois. Et je me met à penser aux jeunes acteurs, aux jeunes débutants, mes semblables, qui aimeraient jouer des pièces comiques, romantiques où la guerre ne serait qu'un jeu.
(Rêveuse)_ Un jeu pour enfants qui se ferait avec des pétards chinois, des avions en papier, des pistolets en bois, des baïonnettes en carton. Une guerre qui ne ferait point de blessés, point de morts. Une guerre qui se terminerait par l'appel des parents à leurs petits pour aller à leurs écoles. Ou pour prendre leur goûter du soir devant leurs télés.
( Elle reprend son agenda et son crayon, elle corrige, rectifie l'air grave.)
_ Je pense et j'écris. J'écris en vers et en prose l'histoire de ces enfants qui vivaient dans un monde qui ressemblait tellement au notre, avec ses guerres et ses conflits d'adultes. Ils aimaient si bien leurs parents, ces diables d'enfants, qu'ils les imitaient en tout. Alors ...
( Le choeur s'approche du public, et tel un conteur , il commence à raconter l'histoire de ces bons petits diables .)
Tous les enfants du monde entier
Décident un jour de faire la guerre
Se mettent donc à construire
Des avions, des bateaux, des armes
En papier, en bois, en argile
Une fois armés, déclarent la guerre
A tous les grands où qu'ils soient.
Le bruit court chez les grands
Par le tambour de l'Achoura.
Tous les quartiers où les pétards
Font des ravages, réveillent, dérangent
Pauvres parents, mauvais présage.
Ainsi les grands décident enfin
Qu'à la guerre il faut mettre fin
C'est beau la guerre pour les petits
Mais c'est mauvais quand on est grand.
( Le choeur regagne sa place , la scoute d'un air grave .)
_ Je ne comprends que trop bien le monde auquel aspirent les jeunes d'aujourd'hui, puisque j'en fait partie. C'est celui où tous les humains vivraient en paix, en harmonie, sans discordes ni conflits. La fraternité, l'amour et la paix seraient nos piliers et nos ambassadeurs auprès de tous les acteurs du monde qui peuplent la scène terrestre. Cette scène, cette merveilleuse scène que nous risquons de détruire à tout jamais. ( Vivement ) _ Et si on la préservait pour le bien de tous? Et si la solution était à portée de nos mains? Et si la fin du drame serait seulement le fait d'aimer et de se laisser aimer ?
( Elle reprend son agenda et son crayon. Elle corrige et rectifie, l'air triste.)
_ Je reviens à ma ville. Elle en est à son dernier souffle. Les amas de sable ont déjà enterré la main. Il n'en reste qu'un vaste souvenir. Tous les êtres tremblent à l'approche du jour « J ». Le jour « J » monte un cheval volant. Il est noir, le cheval volant. Ses narines crachent du feu. Il frappe de ses talons pointus l'abdomen de la bête dont les galops font tourner les pages déjà blanchies de l'histoire. La folie enchaîne les âmes. Les charmeurs de serpents avalent leurs dernières couleuvres, les hommes leurs dernières cigarettes. Le jour « J » brûle de sa colère le sommaire et l'envers d'une oeuvre qu'on nommait univers.
( Elle arrête d'écrire et se dirige à l'assistance.)
Quand j'ai de tels pensées , je me fait peur à moi-même. L'instinct destructeur m'envahie,c'est dur de le combattre. J'ai alors envie de tout détruire, tout casser , faire du mal aux autres, me faire du mal, aussi , juste pour le plaisir . N'est-ce pas ô sainte femme? Le plaisir, n'est-ce pas ce qui compte à présent plus que toute autre ?
( La sainte femme , s'approche de la jeune scoute et , toujours d'une voix chaude et douce , elle lui dit : )
« _ Mon enfant. Quand on prend un fusil, ou quand on donne l'ordre de tirer on prend la vie à ses semblables. Quand on pollue la nature avec ses déchets toxiques, on détruit la nature. Quand on démissionne de son rôle de mère ou de père, on met sa progéniture et le monde en danger. Quand on se réfugie dans la passivité, pensant à tort, que ce qui se passe ailleurs, loin de nous, ne nous concerne guère, on se suicide. Sans le savoir, sans le vouloir, bêtement. Ma fille, en tant qu'acteurs, même à notre insu, nous avons notre rôle à tenir. A nous de le jouer correctement, jusqu'au bout. Les méchants ne font pas défaut, les bons non plus. Faisons notre choix, soyons pour les autres des éclaireurs et l'exemple à suivre. Personne n'a envie d'hériter de nos maux , ni de nos conflits d'adultes. Je sais que tu rêves, ma bonne amie, d'un monde propre, raisonnable où le bon sens l'emporterait. Alors fais prévaloir la raison et vis ta vie... vis ta vie... vis ta vie . »
(La scoute suit des yeux la sainte femme et d'une voix gaie.)
_ Ah la vie! Ce magnifique présent de Dieu, cet extraordinaire pouvoir ! Quel autre pouvoir égaliserait celui de se lever le matin et de se dire « je vis encore » ? Quel autre pouvoir surpasserait celui de rentrer chez-soi après un enterrement, la vie pleins les poumons? Quel beau pouvoir que celui d'accueillir un nouveau né , malgré le petit pincement qu'on a au coeur , à savoir qu'il serait là lorsqu'on disparaîtrait ? ( Vivement ) _Non! Nul n'a le droit de se substituer à Dieu, prenant ce qui ne lui appartient pas : la vie. ( Elle reprend son agenda et son crayon. Elle corrige, rectifie l'air gai)
_ La ville s'agite, repousse les amas de sable qui l'asphyxiaient et reprend vie. Les hommes ne sont plus apeurés, ils ont pris leur courage entre les mains et ont chassé l'ennemi.
( Elle écrit) _ Les portes s'agitent , les fenêtres s'ouvrent. Le parfum d'une ère nouvelle plane sur la ville. Fin de l'histoire .
(Elle pose son crayon et son agenda et d'un air satisfait )
_Ouf, je respire! Je suis bien heureuse d'avoir achevé ainsi l'histoire de ma ville. Elle n'a plus à disparaître à présent, ma ville. Elle vivra encore longtemps, ma ville. Elle vivra enfin en paix, ma ville.
(Prenant un air menaçant ) _Rien ne fera du mal à ma ville. Personne ne la touchera, ma ville.
( Elle fait quelques pas , comme pour sortir et revient)
_Je refuse qu'on touche à ma ville, qu'on touche à mon pays. On ne touche pas à ma ville, on ne touche pas à mon pays.
( Elle sort en répétant ses dernières paroles : écho)
FIN
La pièce fut présentée le 20 Mai 2004 dans la salle des fêtes du lycée My Mohamed Ben Abdallah de Larache à l'occasion du premier anniversaire commémorant les événements sanglants du 16 Mai survenus dans la ville de Casablanca. Le spectacle fut supervisé par les élèves eux-mêmes.
Auteur : Professeur Abdelouahid Bennani
Mise en scène: Elève Mohamed Hamdoun.
Dans le rôle de la Scoute: Elève Sarah Lotfi
Dans le rôle du Prologue : Elève Soumaya Maftouh
Dans le rôle de la Sainte Femme: Elève Nihal Morad | |
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